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Le système prostitueur : violence machiste archaïque

Quinzaine Égalité femmes-hommes de la région Rhône-Alpes

8 octobre 2012 – Villeurbanne, Palais du travail, 9 place Lazare Goujon 9h30-18h00

Intervention d'introduction de Michèle Vianès

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Nous remercions Cécile Cukierman, Conseillère régionale déléguée à l’égalité femmes-hommes, et sénatrice de la Loire. C'est sous son impulsion que le Conseil Régional Rhône-Alpes organise pour la deuxième année une quinzaine de l’égalité femmes-hommes.

L’an dernier, Regards de femmes avait organisé à Sciences-po Lyon un colloque « Pas de gouvernance démocratique sans les femmes » avec la ministre du genre du Sénégal, des responsables tunisienne et rwandaise et bien sur des élues et associations de la région.

Nous remercions également la députée Pascale Crozon qui a pris en charge la location de la salle.

_DSC7758.JPGJe salue Dominique Daures, Déléguée régionale aux droits des femmes et à l’égalité, qui représente le Préfet du Rhône et Thérèse Rabatel, adjointe à la Mairie de Lyon.

Plusieurs personnes m’ont chargé de vous saluer, à commencer par la ministre des droits des femmes, Najat Vallaud Belkacem, rencontrée lundi dernier à l’Hôtel de ville de Lyon et jeudi à Vitry sur Seine, lors de la cérémonie de commémoration du lâche assassinat de Sohane Benziane.

Évidemment Danielle Bousquet, prise par la mise en place d’un nouvel observatoire de la parité. Elle regrette sincèrement de ne pas pouvoir être parmi nous d’autant plus qu’elle est à l’origine de l’idée de faire en région des colloques comme celui d’aujourd’hui. Je le signale à nos amies de Marseille, Toulouse présentes dans la salle. Les parlementaires Marie-Jo Zimmerman, Michèle André, Christiane Demontès, Muguette Dini et Dominique Nachury, Michelle Picard, maire de Vénissieux ont envoyé des messages de soutien à notre colloque et attendent ses conclusions.

_DSC7812.JPGJe voudrais avant de commencer remercier toute l’équipe de Regards de Femmes, en particulier celles et ceux qui sont à l’accueil et qui ne peuvent pas suivre tous les débats, avec une mention spéciale à Patricia Jullien, secrétaire générale et à Robert Pigeon, trésorier de l’antenne Ile de France, qui nous représente aux réunions du collectif « abolition 2012-2013 ». Je tiens à remercier également Aurélien, dont le travail de photocomposition pour les mises en page à chaque modification du programme, pour les badges, pour le futur compte-rendu illustré du colloque sur notre site, ainsi qu’il l’a fait pour celui sur les crises en 2010 et celui sur la gouvernance démocratique l’an dernier.

Le colloque a pour objectif d’informer sur la réalité de la violence et de l’archaïsme des rapports femmes-hommes sous-jacents au système prostitueur et de réfléchir ensemble aux actions à mener pour agir contre cette violence sexuelle, afin de construire un projet de société où la sexualité sera enfin délivrée des violences dans un souci de justice, d’égalité et de progrès. La question fondamentale : pourquoi cette permissivité sociale, cette indifférence face à cette violence sexuelle alors que le viol, y compris conjugal, le harcèlement sexuel soulèvent une indignation justifiée ?

_DSC8072.JPGBuckle, historien anglais, auteur de « L’influence des femmes sur les progrès de la connaissance » publié en 1858 « Toutes les grandes réformes qui ont été accomplies ont consisté, non à faire quelque chose de nouveau, mais à défaire quelque chose de vieux »

Il convient de rappeler que la France est abolitionniste : fermeture des maisons closes en 1946, signature en 1960 de la convention de 1949. Les débats actuels sont volontairement biaisés. Des prétendus spécialistes intervenant dans un grand nombre de médias font semblant d’ignorer que la France est abolitionniste, confondent abolitionnisme et prohibition et font croire que nous voudrions interdire la prostitution ou pénaliser les personnes prostituées. Il est donc indispensable de recadrer le débat pour sortir de ces visions archaïques.

Colloque Regards De Femmes - Une écoute attentiveCeci explique le choix du titre: le système prostitueur désigne les acteurs, les responsables de l’exploitation sexuelle : les proxénètes et les clients.

Alors que le terme prostitution renvoie uniquement à la personne prostituée, seule visible dans l’imaginaire collectif. Insister sur un « choix » individuel de la personne qui se prostitue ou qui loue son corps, permet d’écarter toute analyse de la prostitution en tant que système social et marchand.

Et absout de toute responsabilité celles et ceux à qui le système prostitueur profite : Les lobbies proxénètes et mafias du crime organisé (profits annuels estimés à 27,8 milliards de dollars) ainsi que les clients qui dépensent ces sommes pour maintenir en très grande vulnérabilité femmes (80% des personnes prostituées) et enfants, considérés comme des objets à la disposition de leurs pulsions sexuelles.

_DSC7775.JPGPour l’élimination de toutes les formes de violences sexistes, il est indispensable de poser l’interdit, par la loi, de l’achat d’un acte sexuel. Le corps humain n’est pas une marchandise et doit être protégé de toute exploitation, de toute commercialisation.

Cet interdit est le fondement de toute éducation non sexiste pour que les enfants, filles et garçons, se construisent en adulte respectueux de leur corps et de celui de l’autre.

Ce système archaïque, « le plus vieux métier du monde ? », est évidemment inégalitaire puisqu’il repose sur les prétendus besoins irrépressibles des hommes et l’objetisation, la chosification du corps des femmes. La mise à disposition du corps des femmes au profit du « plaisir » masculin, l'achat d'un acte sexuel est la négation même du désir de l'autre.

Après ces précisions sur la problématique du colloque, le colloque a été ouvert par Cécile Cukierman, puis la lecture du message envoyée par Pascale Crozon [Document PDF], un impératif la retenant loin de Villeurbanne.

Introduction

Muriel Salmona - présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologieL’introduction a eu pour objectif de donner du sens à des mots dévoyés : liberté, choix, consentement et de décrire les traumatismes de la situation prostitutionnelle.

Liste des interventions :

La lecture par Danielle Moissard de deux poèmes de Geneviève Cornu, extraits de « Même la tête sous l’eau, je fais des bulles » a précédé la première table ronde.

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1ère table ronde : Comment agir contre cette violence sexuelle

Animée par Christelle Monteagudo, Rédactrice en chef, Lyon Capitale TV.

_DSC7912.JPGLa prévention, la responsabilisation des hommes, l’accompagnement des personnes prostituées vers une insertion professionnelle sont à la base des politiques publiques à mettre en place. La ministre Najat Vallaud Belkacem précisait lundi 1er octobre à Lyon les deux axes pour lutter efficacement contre le système prostitueur : éviter l’entrée et aider à la sortie.

Les associations historiques - le Mouvement du Nid et l’Amicale du Nid - et une association plus récente Zéromacho, regroupant des « féministes au masculin » pour reprendre l’expression de Benoite Groult ont décrit leurs actions.

_DSC7985.JPGMaudy Piot, femme avant d’être handicapée, a rappelé que la sexualité des personnes handicapées ne devrait jamais être prise en otage dans une tentative de saper l’un des fondements essentiels de l’égalité femmes-hommes.

Karine Henrotte, suédoise, venue il y a quelques années animer un café Regards de Femmes, à Lyon « sur l’esclavage dit "moderne" » avec Martine Roure, a informé sur la législation suédoise concernant la prostitution avant un premier débat.

Liste des interventions :

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L’après-midi a commencé avec la lecture par la Compagnie La Nébuleuse d’une pièce en 1 acte de Georges Darien « La faute obligatoire », suivi de la 2ème table ronde.

2ème Table Ronde : Le système prostitueur dans le monde

Animé par Caroline Benoist, Rédactrice en chef du Féminin, édition Rhône-Alpes

_DSC8189.JPGLa description des réseaux de prostitution et leur lien avec le crime organisé, la dimension économique, les enjeux internationaux, régionaux et nationaux de la lutte contre la prostitution, les problèmes dans les pays d’origine, comme en Ukraine, la fausse bonne idée de la légalisation.
La Fondation Scelles, 3ème association historique, la CATW, le Consortium des femmes d’Ukraine, une journaliste ayant fait de nombreuses enquêtes sur le système prostitueur ou l’ancienne chargée de mission au MAEE ont éclairé sur la réalité de ce système avant le deuxième débat.

Malka Marcovich de la CATW ayant subi une intervention chirurgicale la semaine précédent le colloque, ce qui l’a empêché de se déplacer, a envoyé une intervention qui a été lue par Caroline Benoist et distribuée à la sortie.

_DSC8205.JPGListe des interventions :

Conclusion

La lecture d’un autre poème de Geneviève Cornu a précédé la conclusion du colloque en 3 temps.

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