Accueil | Edito | Actualité

17° Edito : Regards de femmes à l’ONU à New York : « Les violences envers les femmes : trop, c’est trop ! »

photo.jpgRegards de femmes, présente à l’ONU, par une délégation de 3 personnes, du 2 au 10 mars, lors de la 57ème session de la Commission de la condition des femmes, a exigé, avec les 6 000 femmes de la société civile, que cessent les violences envers les femmes. Pour cela, il est indispensable d’agir sur 5 axes : la prévention des violences, la protection des personnes, les poursuites judiciaires des auteurs, la prescription de services pour les victimes et des partenariats multisectoriels et multidimensionnels.

Les Etats, sous l’impulsion de Michelle Bachelet, directrice exécutive d’ONU Femmes, sont arrivés à des conclusions concertées pour prévenir et éliminer toutes les formes de violences envers les femmes. Par delà les mots, il faut passer à l’acte, ainsi que l’a rappelé le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon : « Une promesse est une promesse, il est temps d’agir pour mettre fin aux violences envers les femmes ».

Les discussions ont été particulièrement rudes. Même les pays de l’Union Européenne n’ont pas pu se mettre d’accord sur une déclaration commune concernant les droits sexuels et reproductifs. La France et sa Ministre Najat Vallaud-Belkacem ont été chefs de file des discussions sur cette question ainsi que sur la présence de conseillères de protection des femmes dans les opérations de maintien de la paix. D’ailleurs, lors de la cérémonie du 8 mars à l’ONU, la France, par son Ambassadeur, était le seul pays à la tribune, aux côtés de M. Ban Ki-moon et de Mme Michelle Bachelet.

Dans le groupe des pays déniant habituellement les droits fondamentaux universels aux femmes et aux filles (Iran, Lybie, Soudan, les pays sous influence du Vatican, la Russie,…), de nouvelles voix se sont élevées, au grand dam de leurs Organisation Non Gouvernementales. Le Maroc a ainsi déclaré que les femmes étaient « complémentaires » des hommes, proclamation bafouant le principe universel d’égalité, la Tunisie a déploré que les « gouvernements précédents n’aient pas suffisamment respecté les droits des femmes (sic) ».

Par contre, et c’est une avancée significative, plusieurs Etats d’Amérique centrale et du Sud, tel le Brésil ont affirmé les droits reproductifs et sexuels des femmes, l’accès à la pilule du lendemain. Pour prévenir l’exploitation et la violence sexuelle à l’occasion des grands rendez-vous sportifs à venir, le Brésil a mis en place un groupe de travail interministériel.

Le Niger, comme plusieurs pays africains, a dénoncé « la juxtaposition de règles qui régissent l’état des personnes, à savoir le droit moderne, les coutumes et religions. Ce qui accroit l’insécurité juridique des femmes et des enfants parce que selon les circonstances, on choisit l’une et l’autre règle au détriment de la femme. » Les femmes dépourvues d’état-civil en sont les premières victimes, comme cela a été démontré lors de notre atelier du 4 mars à New York « Enfants sans état-civil, femmes sans droits ».

071__1_.jpgRegards de femmes a participé à de nombreux ateliers organisés par les pays africains, en particulier ceux de l’Afrique de l’Ouest. Les différentes formes de violence dues aux coutumes et traditions, l’omertà familiale et communautaire, les situations de conflits, les difficultés institutionnelles, géographiques et financières d’accès à la justice empêchent la prévention et l’élimination des violences envers les femmes et les filles. Les associations maliennes ont décrit les graves violations de la personne exercées par les groupes armées à l’encontre des femmes et des filles et demandé le soutien des participant-es à la CSW. La Ministre Malienne de la famille et de la promotion de la femme et de l’enfant a dénoncé « les groupes armés rebelles, terroristes et narco-jihadistes qui se livrent à des viols collectifs et individuels, des mariages forcés, des lapidations à mort, des châtiments corporels, des amputations de membres, le port forcé du tchador, la privation des libertés fondamentales, les destructions d’infrastructures sanitaires et scolaires ainsi que des biens culturels. A cela s’ajoutent les déplacements massifs de population ».

Dans ce contexte, il était indispensable d’obtenir la réaffirmation de la plate-forme d’action de Pékin : « Aucun prétexte de coutumes, de tradition ou de religion ne peut justifier les violences envers les femmes » et d’apporter un engagement universel à une violence universelle pour que les femmes, partout dans le monde, puisse enfin vivre à l’abri de la peur et de la violence.

 Consultez les précédents Edito ]