20° Edito : Redevabilité des Etats et des institutions internationales
Par Admin le lundi, 8 décembre 2014, - Actualité - Lien permanent
La société civile a été fortement associée à la préparation du XV° sommet de la francophonie réuni à Dakar, les 29 et 30 novembre sur le thème « Femmes et jeunes en francophonie, vecteurs de paix, acteurs de développement »
Michèle Vianès, présidente de Regards de Femmes, était invitée à intervenir :
Lors du Forum des Femmes, « Femmes, paix et développement en francophonie, organisé par le Comité Scientifique du Sommet et le CRDI, en partenariat avec le Ministère de la Femme, de l'Enfance et de la Famille du Sénégal, le Réseau Francophone Egalité Femmes Hommes et le Cadre de concertation des Organisations de la Société Civile,
- le 26 novembre à la plénière d’ouverture pour introduire la thématique « Citoyenneté et droits humains en Francophonie ». Intervention : Liberté, égalité, fraternité, laïcité, pour les femmes aussi
- le 27 novembre lors du débat télévisé sur l’Agenda de la francophonie pour la promotion des femmes dans la stratégie à moyen terme
Lors du panel organisé par le Réseau Francophone Egalité Femmes-Hommes, le 28 novembre, au sein du Village de la Francophonie, consacré à l’état civil et à la nationalité : « Importance d’un service public d’état civil pour les Etats et la population, des points de vue démographique et juridique »
La Francophonie ne se limite pas au partage et à la promotion du français mais englobe une adhésion commune autour des principes universels issus des Lumières. Liberté de conscience, égalité en droits, devoirs et dignité des femmes et des hommes, laïcité, c’est-à-dire séparation entre sphère religieuse qui relève de l’intime et sphère politique qui gère la cité permettent de vivre ensemble par-delà les différences.
Le Forum a été l’occasion de rappeler les acquis, les contraintes et les difficultés quant au rôle des femmes dans les sphères socio-économiques, politiques et culturelles au sein de l’espace francophone.
Les inégalités et exclusions multiformes subies par les femmes et les filles dans les domaines de l’éducation, de la santé, y compris sexuelle et reproductive, limitent leur sécurité alimentaire et freinent leur accession à un plein emploi productif et décent.
Les pratiques dégradantes telles le gavage des femmes et des filles en Mauritanie, à base de nourriture essentiellement liquide, a pour conséquence un corps flasque, des difficultés pour marcher et contraint les femmes à vivre couchées. Comme les mutilations sexuelles féminines, le repassage des seins, les interdits consécutifs au veuvage, le lévirat, le sororat, ces violences freinent évidemment l’émancipation et l’autonomie des femmes mais sont d’abord une atteinte inacceptable à leurs droits fondamentaux.
Les questions de sécurité personnelle et collective sont le fondement de la construction d’un espace de démocratie pour un développement durable et solidaire.
Les effets des crises économiques, politiques et idéologiques sont non seulement en train de ralentir les progrès au détriment des femmes mais de remettre en cause les droits acquis. Au Mali, le Code des personnes et de la famille, revisité en 2011, est en net recul par rapport aux textes de 1962 : femme devant obéissance au mari ou si celui-ci décède, au conseil de famille et n’a pas autorité sur ses enfants, âge nubile abaissé à 16 ans, discrimination dans la déclaration des naissances pour les enfants nés hors mariage, … Cela ajoute à la situation dramatique des survivantes des viols collectifs perpétrés par les groupes islamistes armés, ignorant évidemment lequel de leur violeur a engendré l’enfant. [Intervention de Mama Koité]
La revendication d’une « identité culturelle » et le retour à la religion prôné par les fondamentalistes font des droits des femmes l’enjeu principal.
Le relativisme culturel continue d’alimenter le débat sur les droits et libertés des femmes et remet sans cesse en cause les principes d’égalité femmes-hommes dans le monde.
La laïcité est bien à la fois une force et un bouclier pour les femmes et les filles.Le forum des femmes a donc produit des recommandations pratiques et opérationnelles à soumettre aux chefs d’Etat et de gouvernement de la Francophonie pour une meilleure prise en compte des besoins des femmes et de leur implication dans les processus de développement économique et social, dans toutes les étapes de construction et de maintien de la paix, dans la construction et reconstruction des Etats et des Nations (Déclaration de Dakar).
L’égalité entre les sexes et l’inclusion des femmes et des filles dans les sphères décisionnelles doivent devenir une réalité dont les Etats et les gouvernements sont redevables.
La constitution d’un espace de démocratie, de paix et de sécurité est impérative pour un développement durable dont les femmes sont les actrices clés.
Nous comptons sur Michaëlle Jean, nouvelle Secrétaire Générale de la Francophonie, désignée, non sans mal, par ses pairs pour rappeler aux chefs d’Etat et de gouvernements ainsi qu’aux institutions internationales qu’ils sont redevables de leurs engagements envers leur population.